La France, à l’aube de la Révolution, la dernière folie des aristocrates avides et perruqués avant que le monde tel qu’ils le connaissent ne s’écroule autour d’eux.
Le talentueux chef Pierre Manceron (Grégory Gadebois) sert un somptueux banquet de 40 plats à son maître, le duc de Chamfort (Benjamin Lavernhe), pudique et condescendant, et à ses invités. Les nobles de cette époque s’ennuient : privés de pouvoir politique ou de puissance militaire, ils se livrent à une débauche sans fin, se gavant de nourriture sans réelle appréciation de la gastronomie.
Dans le cadre de ce festin, Manceron offre notamment le « Délicieux », un plat de pommes de terre et de truffes qui provoque l’indignation de la tablée. Ses péchés ? Avoir eu la témérité de bricoler des recettes ancestrales et de servir des pommes de terre, aliment cultivé sous terre et considéré comme le produit du diable (et éventuellement porteur de maladies comme la lèpre).
Le réalisateur Éric Besnard explique : « À cette époque, la noblesse et le clergé croient encore à une échelle céleste des aliments. Plus ils sont aériens, plus ils sont divins ; un pigeon est parfait, une vache, plus proche du sol, l’est moins… La pomme de terre, pourtant très nourrissante, mettra cent ans à s’imposer en France. »
Ainsi, Manceron est licencié sans ménagement par le duc et décide d’abandonner la cuisine jusqu’à ce que, avec un peu d’encouragement de sa nouvelle apprentie (Isabelle Carré), il se lance dans sa propre révolution. Ensemble, ils inventent un lieu de plaisir ouvert à tous : le premier restaurant.
Ce film à l’humour chaleureux est un voyage divertissant à travers l’histoire et, comme le dit Besnard lui-même : « Dans ce film, où il n’y a presque pas d’action, il y a un rebondissement toutes les dix minutes ». Il faut cependant prendre l’histoire avec une pincée de sel : Besnard utilise une touche de licence poétique lorsqu’il rapproche la Révolution et l’arrivée du premier restaurant. En fait, le premier restaurant en France a vu le jour en 1782. Sinon, vous trouverez ce livre parfaitement assaisonné, avec des rires, des larmes et de l’aventure dans la bonne mesure.